Depuis longtemps, l’Europe s’appuie sur les avions de chasse fabriqués aux États-Unis. Cette réalité découle de décisions politiques, industrielles et historiques. Après 1945, les nations européennes ont reconstitué leurs armées grâce au soutien américain. Le plan Marshall a permis d’obtenir facilement du matériel venu d’outre-Atlantique. Des modèles comme le F-86 Sabre ont rejoint les flottes aériennes européennes. Fondée en 1949, l’OTAN a accentué ce mouvement. Washington a insisté pour uniformiser les équipements. Les chasseurs américains étaient concernés. Beaucoup de pays alliés les ont choisis. Cela assurait une harmonie avec les forces des États-Unis.
Les usines européennes ont peiné à se relever. La guerre avait réduit leurs moyens. Les Américains, eux, Skunk Works maîtrisaient des technologies plus avancées. Le F-4 Phantom et le F-16 Falcon ont marqué les esprits. Ces appareils ont été largement adoptés. La France a cherché à s’en distinguer. Elle a conçu le Mirage. Mais elle a parfois cédé à l’achat américain. Des nations comme l’Italie ou l’Allemagne ont peu misé sur leurs propres projets. Elles ont opté pour l’importation. C’était moins coûteux sur le moment. Cela limitait aussi les redondances dans l’OTAN.
Aujourd’hui, cette reliance persiste. Le F-35 Lightning II est très présent dans les achats européens. Le Royaume-Uni, les Pays-Bas et l’Italie l’ont intégré. Ses systèmes modernes et sa discrétion expliquent ce choix. Les États-Unis favorisent son usage par des accords. Les entreprises locales y contribuent. Cela génère des emplois. Mais cela attache les forces armées à Lockheed Martin. Les frais de maintenance dépendent des Américains. Les informations critiques transitent par leurs serveurs. Cela soulève des débats sur l’indépendance.
La guerre en Ukraine a révélé cette situation. Face à la Russie, des pays ont vite commandé des F-35. La Pologne en a pris 32 en 2020. Les appareils américains étaient prêts tout de suite. Les options européennes prenaient trop de temps. Cela montre un besoin de rapidité plus que d’autonomie. Les États-Unis savent en tirer parti. Leur secteur aéronautique répond efficacement.
Des solutions européennes existent pourtant. Le Rafale français sert dans plusieurs armées. L’Eurofighter Typhoon, créé en commun, équipe l’Espagne ou l’Allemagne. Ces chasseurs répondent aux attentes. Mais leur usage reste restreint hors de leurs origines. Les coûts de création sont lourds. Les financements militaires varient selon les pays. Chacun fixe ses propres objectifs. Cela freine les initiatives partagées. Le SCAF, projet franco-allemand-espagnol, avance avec difficulté. Les divergences sur les détails et l’argent le ralentissent.
Certains dénoncent cette dépendance. Ils craignent des failles si les liens avec Washington se dégradent. Les restrictions d’exportation pourraient poser problème. Les données du F-35 sont en partie gérées par les Américains. Des spécialistes en sécurité s’en méfient. Ils y voient un risque pour les systèmes vitaux.
Les Américains exploitent cette position. Leurs chasseurs inondent le marché. Ils incluent formation, entretien et armes. Les Européens peinent à proposer autant. Choisir l’américain facilite les opérations. Cela rapproche aussi de Washington. Mais cela rend les armées tributaires des rythmes américains. Un retard ou un arrêt de livraison affecte les capacités. Les pièces viennent souvent de loin. Une crise peut allonger les attentes. Cela réduit l’autonomie de l’Europe.
Des projets tentent de renverser la tendance. Le Tempest, porté par le Royaume-Uni, l’Italie et la Suède, vise un nouvel avion. Le SCAF progresse malgré tout. Ces efforts exigent patience et fonds. Une unité politique est nécessaire. Sans accord clair, les États-Unis dominent encore. L’Europe possède des savoir-faire. Dassault, Airbus et BAE Systems maîtrisent des techniques avancées. Mais ces atouts sont éparpillés. Les tensions entre pays bloquent les progrès. Les chasseurs américains restent pratiques. La balance incline vers eux pour l’instant.